Ici,
quelques événements «déclic» qui permettront de saisir ce qui m’a
amené à questionner la photographie, à faire ce que je fais, à être
ce que je suis.
Je
suis le sixième d’une famille de neuf enfants. Les questions de la
filiation, ressemblance et appartenance, se poserons à moi plus tard.
Dans
ce contexte où les parents travaillent à l’entreprise, la présence
d’une tierce personne devient indispensable. A l’âge de trois mois,
j’ai donc été pris en charge et en affection par une jeune femme,
aide ménagère à demeure.
Sept
ans plus tard, un jour de juillet, elle est partie pour toujours en robe
de mariée, non sans avoir fait une séance de photographies.
Cette
rupture a incontestablement été révélatrice.
Ma
tante était photographe. C’est elle qui photographiait la famille
pour les grandes occasions. Très tôt, j’ai regardé un objectif
associant ces moments de prise de vue au plaisir des rencontres.
A
onze ans, je suis envoyé en pension. Je m’ennuie terriblement. J’ai
trouvé une échappatoire. Je file la nuit dans le laboratoire
photographique du pensionnat et je fais les tirages des négatifs qui
traînent ça et là.
Je
m’oriente vers le métier de photographe.
A dix-huit ans,
j’entre pour trois en apprentissage chez un photographe. Après
quelques années partagées entre le service militaire, des emplois en
laboratoire, mon mariage, j’ouvre, en 1968, mon magasin et
m’installe comme artisan photographe.
Je
me dirige vers le portrait et la photographie de mariage.
Mais
il ne me suffit pas de faire, je cherche à comprendre la photographie,
l’image, ce qu’elle est, ce qu’elle implique.
J’approfondis
mes connaissances. Je m’initie à la pratique du « Zone System », je
prends des cours d’arts plastique.Je cherche aussi à mieux saisir ce
qui motive ce travail de création. Mes cinq années consacrées à une
psychanalyse me donneront des clés essentielles pour faire le pont
entre photo et image.
Je
poursuis aujourd’hui ma réflexion sur ces questions.
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